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Bonne fête, petite Mamy !


Cette année, et pour la première fois de ma vie, je n'ai pas eu de mère à fêter. J'ai eu, il faut le dire, la chance de la fêter, de te fêter longtemps, même si, les derniers temps, tu ne comprenais plus rien au fait que je te téléphone deux fois : le jour de la fête québécoise et le jour de la française. J'avais même, certaines années, pris l'habitude de te téléphoner à la fête belge qui, elle aussi, s'offre la fantaisie de marquer le calendrier à un autre moment.


Tout était prétexte à te rappeler que je pensais à toi... Le prétexte a disparu, mais la pensée reste et, hier, en me levant, en prenant conscience que je n'allais pas pouvoir t'appeler, un immense cafard s'est immiscé à l'intérieur de moi. Mes enfants étaient à mes côtés, heureusement, et ils ont tôt fait de refouler ce chagrin naissant, me ramenant à ma réalité de mère à qui ses petits avaient le goût d'exprimer leur amour et leur attachement.


Et puis, hier, petite Mamy, j'ai compris quelque chose de très important. Je ne sais pas si j'ai bien compris, mais, si c'est le cas, c'est majeur... Je t'explique !


D'aussi loin qu'il me souvient, à chacune de tes fêtes, à chacun de tes anniversaires, à chacune de nos séparations, je t'offrais un cadeau. Je ne pense pas avoir sauté une fête des mères sans t'offrir des fleurs, un parfum, un vêtement, un voyage, un petit quelque chose qui te ferait plaisir. Pourtant, mes enfants n'ont eux, aucune ou presque aucune notion du cadeau à offrir. Ils savent en recevoir et je pense ne jamais les avoir négligés sur ce point, mais eux, rien. Ou presque. S'il y a quelque chose, c'est parce que j'ai rouspété... Alors, ils font cet immense effort d'être présents. M. m'écrit des choses tendres et très belles. A. se fait prévenant et me parle longtemps d'avance de ce qu'il va faire. Mais, le jour même, rien ou juste une intention.


J'ai souvent été triste de ce que je qualifiais de ratage éducatif, me disant que, dans les autres familles, il y avait souvent un papa pour apprendre à ses enfants à penser à leur maman. Mon cœur a une grave propension à partir en vrille dans la tristesse de la mère mal aimée, juste existante pour les besoins de ses enfants, finalement ingrats et égoïstes. Ça marche toujours, ce genre de truc qui consiste à se prélasser dans la glu de la victime éplorée. Mais, depuis quelques années, ça ne fonctionne plus : je m'interroge. Je me demande ce que j'ai loupé dans mon éducation pour que mes enfants soient si peu "cadeaux". Tu me dirais à coup sûr quelque chose comme : "c'est dommage, hein !", sur ce petit ton bien à toi qui marque un peu d'empathie, un rien de regret, un beaucoup de questionnement et, surtout, l'attente de mon explication qui ne tarde jamais...


Hier, ça n'a pas manqué. Toute à la tristesse de ne pouvoir prononcer les mots magiques "bonne fête, maman", j'ai réalisé quelque chose d'essentiel. Je me suis demandé non plus pourquoi mes enfants ne m'offraient rien, mais pourquoi, moi, petite, j'avais tant et tant besoin de t'offrir des cadeaux. Le moindre argent de poche dont je disposais, il était réservé à "un cadeau pour Mamy". Mes frères, qui ne rataient jamais de donner leur avis sur tout, même quand il n'y étaient pas conviés, trouvaient que je t'offrais des objets de luxe, inutiles dépenses au pays de l'inutile... Alors, pourquoi ? Eh bien je pense, aujourd'hui, que cette énergie que je passais à t'offrir des choses, utiles ou non, futiles ou non, c'était l'expression de ma totale incertitude de ton amour. Oui, vraiment. Et, finalement, si mes enfants ne m'en font pas ou peu, c'est tout simplement parce qu’eux, ils l'ont cette certitude que je les aime. C'est une belle découverte, non ?


Je te vois venir. Tu ne vas pas te contenter de cette conclusion. Tu veux savoir pourquoi je doutais ainsi de ton amour. Je te le dirai, petite Mamy. Un autre jour. Là, maintenant, pour l'heure, je suis ravie de ma découverte, la partage avec toi et sais que tu t'en réjouis comme tu t'es toujours réjouie de chacune de mes joies et de mes découvertes. Enfin, presque !


Bonne fête, petite Mamy , avec un gros clin d’œil et un immense câlin d'amour !

Ta fille, B.

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